Je me résous à un peu d’écriture.
Depuis trop longtemps maintenant, j’ai besoin d’un espace où poser mes écrits. Un espace pour mes recherches, mes pensées, mes histoires.
Et bien ce sera ici. Et ça s’appellera le Refuge.
Pour être honnête, rien n’est maitrisé. Ces premiers mots font l’effet d’un saut dans le vide. À chaque ligne je doute de celle qui va suivre. Tout ce que je sais, c’est que ces mots sont les miens.
Comme vous —probablement, j’ai grandi depuis tout petit avec internet. Ma vie, mes passions, mes relations en sont indissociables. J’ai toujours été fasciné par cette technologie. Par son potentiel et par sa beauté. Par les métiers qu’elle permet et par les liens qu’elle peut créer.
Pourtant aujourd’hui, j’ai le sentiment de ne plus suivre. Celui d’être mal adapté. Inadapté à cette masse de contenus et à ses zélateurs. Le sentiment que personne n’est vraiment soi. Le sentiment que nous jouons tous un rôle aveugle.
Alors si c’est encore possible, j’aimerais changer le mien. Les mots ont-ils ce pouvoir? Nous verrons bien.
Il eut l'impression qu'il ne pourrait jamais participer de tout son être et de toute son âme à quelque plaisir ou à quelque fête que ce soit sur cette terre, que, même au cœur de la vie, il demeurerait toujours un solitaire et dans une certaine mesure un étranger, un spectateur […] Là-dessus, Han Fook devint triste et se mit à réfléchir à cette particularité et ses réflexions l'amenèrent à penser qu'il ne goûterait un véritable bonheur et ne se sentirait profondément comblé que le jour où il réussirait à refléter si parfaitement la beauté du monde dans ses poèmes que, dans ces images réfléchies, il possèderait le monde lui-même, épuré et immortalisé. —Herman Hesse, Le poète chinois
J’ai à coeur de partager des histoires. Des histoires sincères. Et j’insiste sur le mot sincère. Sincère n’est pas vrai. Rien ici ne sera ni vrai ni parfait. Les histoires du Refuge seront terriblement imparfaites. Elle seront mal sourcées, mal décortiquées ou mal écrites. J’y laisserai peut-être même des fautes, tiens. Ah…la faute orthographique. Quelle indignité. Ou voulez-vous dire: quelle humanité ?
J’ai à coeur d’écrire et de partager. Sur les idées qui me traversent, sur celles qui me peinent et celles qui m’inspirent. Quels seront mes sujets? Disons un peu d’histoire. Un peu d’esprit. Un peu d’art. Rien n’est figé, vous savez.
J’aime comprendre ce qui m’entoure et raconter des histoires. Pour moi les histoires font rêver. Elles suffisent à apaiser.
Le Refuge n’est qu’un point de vue. Un point de vue sur le monde qui m’entoure. Le point de vue d’un bonhomme de 27 ans. Le point de vue d’un curieux et d’un lecteur. Le point de vue d’un français, européen, humain, oui. Le point de vue d’un créatif aussi. Un créatif indécis, incertain mais pas résigné. Juste un peu attristé. Attristé par la vague de contenu sans âme qui inonde chaque jour Internet. Alors au risque d’y noyer mes pensées, je me résous à embarquer.
Car oui, je crois être un réfugié. Le problème est technologique. Je lis, je lis, mais ne trouve plus d’humanité. Alors mon dernier recours est cette barque. Celle de l’authenticité. Cette barque fragile qui vient de se détacher. Derrière elle, un port. Celui des hommes et de toutes ses machines.